Colloques
Corps en scène : l'acteur face aux écrans
Organisation : Josette Féral et Louise Poissant
Assistante à l’organisation : Audrey-Anne Cyr
Présentations audio
Présentations vidéos
Depuis une vingtaine d'années, l'apport des nouvelles technologies a modifié en profondeur la scène théâtrale et avec elle, le jeu de l'acteur. Désormais les corps de chair y côtoient fréquemment les corps synthétiques ou hybrides, créant des corporéités mixtes, « mi-chair, mi-calcul » (Couchot) dont l’équilibre varie selon les choix esthétiques des artistes (metteurs en scène, acteurs, concepteurs du spectacle). Que devient l’acteur dans cette confrontation avec la scène transformée? Quelles techniques de jeu ces nouvelles modalités scéniques imposent-elles aux performeurs? Comment les esthétiques nouvelles qui dérivent de ces mutations conjuguent-elles la juxtaposition du charnel et du virtuel? Comment se déploie, dans ce contexte, la présence du performeur? Comment se gère son énergie? Son rapport à la voix? À l’espace? Au temps? Au mouvement?
Le colloque que nous envisageons sera consacré à ces questions et, plus particulièrement, aux formes d’interaction entre l’acteur et les technologies sur la scène, quelque forme qu’elles revêtent (écrans, caméras, micros…) afin de montrer en quoi ces interférences bouleversent les théories du jeu qui ont prévalu jusqu'ici.
Face aux nouveaux dispositifs scéniques, l'acteur se voit contraint de développer des stratégies de travail inédites, lesquelles doivent mener à un jeu souple naviguant entre présence réelle et présence médiatisée. Le metteur en scène lui-même, développant de véritables talents de vidéastes, voire de cinéastes, se trouve au coeur de ce travail de création (FC Bergman, Bud Blumenthal, Guy Cassiers, Romeo Castellucci, Kenneth Collins, Pippo Delbono, Ivo van Hove, Elizabeth Lecompte du Wooster Group, Michel Lemieux et Victor Pilon, Robert Lepage, Caden Manson du Big Art Group, Simon McBurney, Denis Marleau, Katie Mitchell, Fabrice Murgia, Jean-François Peyret, Jay Scheib, Cyril Teste, Kris Verdonck, Marianne Weems, parmi beaucoup d’autres). Aidé de tous ses collaborateurs, et du travail du comédien qui demeure au centre de la scène, il traduit le dialogue des corps (charnels et virtuels) en formes de présences scéniques modifiées, en altérations de l’art de dire. Comment se déclinent ces modifications au jeu scénique? Ont-elles une incidence sur les fondements du jeu d’acteur tel que véhiculé par des approches plus traditionnelles?
Confrontées à ces changements qui touchent la scène contemporaine, comment réagissent les écoles de formation de l'acteur? Demeurent-elles fidèles à une certaine conception plus traditionnelle du jeu corporel et de l'interprétation des textes? Comment négocient-elles la mutation des formes de jeu? Si toute une mouvance artistique modifie l'intégration de la présence de l'acteur en scène - et par le fait même son implication lors du travail de création - ne faut-il pas repenser la formation de l'acteur?
La réflexion proposée s’organisera autour de quelques axes :
- Les modalités du rapport acteur/performeur et la façon dont certaines pratiques spécifiques négocient la dualité corps charnel/corps numérique (projection, immersion, fragmentation, virtualisation, corps augmenté, mécanisé, avatars, etc.). Cet axe pourra faire appel à quelques pratiques emblématiques permettant de suivre ces mutations.
- Les modes de travail des metteurs en scène, des acteurs ainsi que des concepteurs du spectacle (direction d’acteurs, répétitions, techniques de jeu) afin d’établir ce dialogue des corps, entre virtuel et réel.
- Les effets produits sur le spectateur par ces pratiques qui l’interpellent directement puisqu’il est invité à expérimenter ces mutations et que ces dernières modifient profondément le mode de saisie visuelle ou cognitive qu’il opère de la scène.
- Les voies privilégiées par certaines écoles de formation afin de s’adapter à ces nouvelles modalités scéniques.
Mobilités numériques : corps, imaginaire des villes et réalités hybrides
Vendredi le 17 mai 2013
9 h15 à 17 h 00
Samedi le 18 mai 2013
9 h 10 à 13 h 00
Coeur des Science
Agora Hydro-Québec
Salle CO-R500
175, avenue Président-Kennedy
Montréal (Québec)
H2X 3P2
Métro Place-des-Arts
Horaire
Liste des participants
Déroulement du colloque et présentations vidéos
Comité organisateur :
Lorella Abenavoli
BIO
Artiste franco-italienne en art audio, Lorella Abenavoli produit des oeuvres installatives interdisciplinaires convoquant la biologie, la physique, l’acoustique, la programmation associées aux pratiques plastiques de l’espace. Ces oeuvres donnent à entendre les rythmes imperceptibles de la Terre, des arbres, des particules cosmiques, du corps... Elle a exposé son travail en Europe, aux Etats-Unis et au Canada. Boursière du FQRNT, elle est arrivée au Québec en 2007 pour poursuivre un doctorat à l’Université du Québec à Montréal (UQAM). Sa recherche vise à définir la place de la sonification dans les arts plastiques et médiatiques. Chargée de cours à l’UQAM, elle est l’auteure de nombreux articles sur l’art audio. Elle travaille actuellement à la réalisation d’oeuvre sonores révélant les mouvement interne du corps humain.
www.abenavoli.net
Renée Bourassa
BIO
Renée Bourassa est professeure à l’École de design de l’Université Laval. De nature interdisciplinaire, ses intérêts de recherche portent sur les fictions issues des médias numériques, sur les pratiques expérientielles dans les dispositifs de réalité mixte, sur la performativité et les effets de présence ainsi que sur la culture numérique. Elle a publié en 2010 un essai intitulé Fictions hypermédiatiques : mondes fictionnels et espaces ludiques. Des arts de mémoire au cyberespace. Elle co-dirige avec Louise Poissant deux ouvrages collectifs intitulés Personnage virtuel et Corps performatif : effets de présence (2013) et Avatars, personnages et acteurs virtuels (2013), ainsi qu’un autre ouvrage intitulé Figures de l’immersion, en co-direction avec Bernard Guelton et Bertrand Gervais (à paraître, 2013). Chercheure membre régulier du groupe de recherche sur la performativité et les effets de présence, elle est également affiliée au centre Figura, au laboratoire NT2, au CRIALT ainsi qu’au LAMIC.
www.design.ulaval.ca/personnel/professeurs/renee-bourassa.html
Josette Féral
BIO
Josette Féral enseigne actuellement à La Sorbonne nouvelle-Paris3. Elle est professeur à L’École supérieure de théâtre de l’Université du Québec à Montréal depuis 1981. Elle a publié de nombreux livres parmi lesquels Théorie et pratique : au-delà des limites (Entretemps, 2011), Mise en scène et jeu de l’acteur, tomes 1, 2 et 3(Montréal, Bruxelles, 1997, 1998, 2007), Rezija in Igra (Slovénie, 2008). Directrice de plusieurs ouvrages collectifs dont les plus récents sont Pratiques performatives : Body Remix (Presses de l’Université de Rennes, 2012) et Genetics of Performance (Cambridge Univ. Press, Theatre Research International, 2008), The transparency of the text : Contemporary Writing for the Stage (co-éd. avec Donia Mounsef, Yale French Studies, 2007), Le réel à l’épreuve des technologies (co-dir avec E Perrot), Rennes, 2013. Ses articles ont été traduits dans une douzaine de langues. Elle est invitée à donner des séminaires dans plusieurs universités. Elle a été présidente de la FIRT (Fédération internationale pour la recherche théâtrale) de 1999 à 2003.
Louise Poissant
BIO
Louise Poissant est une des fondatrices d’Hexagram et doyenne de la Faculté des arts de l’UQAM. Elle s’intéresse aux enjeux pratiques, théoriques et esthétiques que sous-entend l’utilisation des médias comme médium. Elle est l’auteure de nombreux ouvrages et articles dans le domaine des arts médiatiques publiés au Canada, en France et aux États-Unis. Elle a dirigé la rédaction et la traduction d’un dictionnaire sur les arts médiatiques publié aux PUQ en français et en version électronique. Ses recherches actuelles portent sur les arts et les biotechnologies et sur la notion de présence virtuelle dans les arts de la scène.
Introduction aux journées d’étude
Le groupe de recherche Performativité et effets de présence, sous la co-direction de Josette Féral et Louise Poissant, mène une réflexion depuis plusieurs années sur les mutations des pratiques performatives engendrées par leur rencontre avec les pratiques médiatiques. Dans le cadre de ces activités, les 17 et 18 mai 2013, deux journées d’étude organisées par Renée Bourassa et Lorella Abenavoli seront consacrées aux mobilités numériques dans leurs relations à la corporéité et à l’imaginaire des villes, porteurs de réalités hybrides.
À la croisée des arts de performance, des arts sonores, visuel et médiatiques, des théâtres expérientiels et participatifs, ainsi que du cinéma étendu, les dispositifs de mobilités numériques occupent une place croissante dans certaines pratiques performatives qui se déroulent hors les murs des institutions consacrées, que ce soit la galerie, la salle de cinéma ou le théâtre. Parcours en espace urbain ou cartographies augmentées des lieux, ces pratiques répondent à la croissance de la mobilité dans nos sociétés contemporaines et à la prolifération des technologies portables. Par exemple, l’émergence des téléphones mobiles et des systèmes de géolocalisation GPS connectés à Internet ainsi que des applications mobiles aux multiples fonctionnalités de réalités augmentées déploie tout un champ de création interdisciplinaire, que les artistes s’approprient. Les technologies mobiles sont porteuses de transformations sociales ou de changements dans les modes de vie, enjeux que les artistes interrogent. Les pratiques artistiques autour des mobilités numériques agissent en redéfinissant ou en détournant leurs usages attendus.
La thématique de ces journées d’étude appelle une réflexion sur le concept même de mobilités numériques dans leurs relations à la corporéité et aux effets de présence. En prenant corps dans les lieux physiques du quotidien, à partir des configurations de l’espace urbain et de ses flux, ces pratiques quittent le paradigme de la représentation pour un modèle expérientiel. Elles problématisent la présence en associant le contexte local où se déroule l’événement à un ailleurs ou à un autre, tout en renégociant la relation entre l’espace privé et l’espace public. Ces performances urbaines déploient l’imaginaire des villes : elles inventent des situations de réalités hybrides, où se conjuguent la mobilité du corps dans l’espace physique de la ville et la présence mentale par le biais de l’imaginaire, que médiatisent les dispositifs portables. De telles pratiques artistiques renvoient à un trait fondamental de la perception esthétique, soit son pouvoir de transformation et de transfiguration de l’expérience, où se jouent les effets de présence.
Ces journées d’étude visent à prendre la mesure de ce domaine de création aux frontières ouvertes, en favorisant les passages entre réflexion théorique et pratique créative.
Renée Bourassa
Effets de présence du son : performance, radio art et installation
Le groupe de recherche Performativité et effets de présence, sous la co-direction de Josette Féral et Louise Poissant, mène une réflexion depuis plusieurs années sur les mutations des pratiques performatives engendrées par leur rencontre avec les pratiques médiatiques. Le 25 mai prochain, nous organiserons une journée d'étude consacrée aux effets de présence du medium son.
Les pratiques sonores occupent une place croissante dans les arts performatifs: théâtre, danse, performance, et toutes les pratiques hybrides se situant aux frontières de ces disciplines historiques. On fait d'entrée de jeu une différence entre les pratiques sonores et la musique, en excluant cette dernière. Le déploiement des techniques de l'audio et, avec elles, l'émergence du medium son comme entité plastique autonome, invitent notre groupe à se concentrer sur ce medium, le temps d'une journée, pour mettre en exergue sa faculté à produire des "effets de présence".
On pourrait dire avec Bernard Stiegler que la matière sonore, tout comme le cinéma, est un objet temporel qui "coïncide avec le flux de la conscience". Cette caractéristique a pour effet de créer un continuum entre l'espace de la performance et celui du public, pour lequel le medium son reste souvent transparent. L'un des objectifs de cette journée d'étude, grâce à l'exposé d'artistes, de professionnels, chercheurs, professeurs, spécialistes, est de mettre à découvert certains processus, procédés et procédures de travail du medium son afin de saisir sa faculté à induire une forme de présence poétique, esthétique, sensorielle sur les créations.
L. Abenavoli
Comité organisateur :
Lorella Abenavoli
Marie-Christine Lesage
Louise Poissant
Horaire
Liste des participants et présentations vidéos
Journée d'étude
Vendredi le 25 mai 2012 9h00 à 17h30
HEXAGRAM-UQAM
Pavillon des sciences biologiques
Salle SB-4105
141, avenue Président-Kennedy
4e étage
Montréal (Québec)
H2X 1Y4
Métro Place-des-Arts, vers la sortie UQAM
Effets de présence et effets de réel dans les arts de la scène et les arts médiatiques - Volet 3 : le corps remixé
Journée d'études
12 et 13 mai 2010
Effets de présence et effets de réel dans les arts de la scène et les arts médiatiques - Volet 2 : formes indisciplinées
Journée d'études
28 et 29 mai 2009