Présence / Effets de présence
Proposition de textes
Définition de la présence par la phénoménologie
Du voir
- Henri Bergson, « De la sélection des images pour la représentation.- Le rôle du corps », pp. 11-17, in Matière et mémoire, essai sur la relation du corps à l’esprit, 1939, PUF, Paris, 1969.
- Henri Bergson, « De la délimitation et de la fixation des images. Perception et matière. Âme et corps », pp. 220-226, in Matière et mémoire, essai sur la relation du corps à l’esprit, 1939, PUF, Paris, 1969.
De la vision
- Maurice Merleau-Ponty, Chapitre II, pp. 16-35, in L’œil et l’esprit, nrf, Gallimard, Paris, 1964.
- Maurice Merleau-Ponty, « Réflexion et interrogation », pp. 17-30, in Le Visible et l’invisible, 1964, Gallimard, coll. Tel, Paris, 1993.
La présence en art : un processus
De la représentation
- Daniel Arasse, « L’œil du maître », pp.175-189, On n’y voit rien, Descriptions, Denoël, Paris, 2000.
- Michel Foucault, « Les suivantes », pp. 19-31, in Les mots et les choses. Une archéologie de sciences humaines, 1966, Paris, Gallimard, nrf, 1976.
De la trace
- François Dagognet, « La seconde aventure », pp. 97-99, in Etienne-Jules Marey, La passion de la trace, Hazan, Paris, 1987.
- George Didi-Huberman, « Remous, répétitions, refoulements et après-coup », pp. 315-334, in L’image survivante, Histoire de l’art et temps des fantômes selon Aby Warburg, Editions de Minuit, Collection Paradoxe, Paris, 2002.
- Georges Didi-Huberman, « Image semblable ou image semblante », pp. 188-193, in L’Image malgré tout, Les Editions de Minuit, Paris, 2003.
- Georges Didi-Huberman, Laurent Mannoni, « L’expansion de toute chose », pp. 267-281, in Mouvements de l’air, Etienne-Jules Marey, photographe des fluides, Gallimard, RMN, Paris, 2004.
Recherches et analyses des effets de présence
La présence en recherche et en interrogation
- Georges Didi-Huberman, « L’inéluctable scission du voir », pp. 9-15, in Ce que nous voyons, ce qui nous regarde, Paris Edition Minuit, 1996.
- Georges Didi-Huberman, « Formes et intensité », pp. 153-172, in Ce que nous voyons, ce qui nous regarde, Paris Edition Minuit, 1996.
- Bernard Noël, « Le trajet de l’œil », pp. 69-73, in Le lieu des signes, 1988, éditions Unes, Périgueux (France), 1998.
Nouveaux moyens, nouvelles perceptions
- Giorgio Agamben, « Pour une éthique du cinéma » pp. 121-127, in Image et mémoire, écrits sur l’image, la danse et le cinéma, édition Desclée de Brouwer, Paris, 2004.
- Jean-Louis Weissberg, « Entre présence et absence », pp. 19-29, in Présences à distance, déplacement virtuel et réseaux numériques, pourquoi nous ne croyons plus à la télévision, L’Harmattan, Paris, 1999.
Quelques définitions...
Bernard Noël, Le lieu des signes, 1988, éditions Unes, Périgueux (France), 1998, pp. 135-136 :
« A défaut de pouvoir me répéter, je me représente, et me représentant, je me crée, et me créant, je me répète. (D’où l’évidence que l’imagination est aussi bien l’instrument de la création que celui de l’expérience intérieure, et d’où la nécessité de reconnaître que l’imaginaire est le moteur du réel, qu’il oblige au progrès. Sans lui, le réel ne bougerait pas et probablement n’existerait même pas, car la vie n’est vivante qu’autant qu’elle se projette.)»
Merleau-Ponty, L’œil et l’esprit, nrf, Gallimard, Paris, 1964, pp. 19-21 :
« Le mot image est mal famé parce qu’on a cru étourdiment qu’un dessin était décalque, une copie, une seconde chose, et l’image mentale un dessin de ce genre dans notre bric-à-brac privé. […] [Mais le dessin et le tableau] sont le dedans du dehors et le dehors du dedans, que rend possible la duplicité du sentir, et sans lesquels on ne comprendra jamais la quasi-présence et la visibilité imminente qui font tout le problème de l’imaginaire.»
-----, p. 41 :
« La vision n’est pas la métamorphose des choses mêmes en leur vision, la double appartenance des choses au grand monde et à un petit monde privé. C’est une pensée qui déchiffre strictement les signes donnés dans le corps. La ressemblance est le résultat de la perception, non son ressort. »
Maurice Merleau-Ponty, Le Visible et l’invisible, nrf, Gallimard, Paris, 1964, p. 31 :
« Le vrai, ce n’est ni la chose que je vois, ni l’autre homme que je vois aussi de mes yeux, ni enfin cette unité globale du monde sensible, et à la limite du monde intelligible que nous tentions de décrire tout à l’heure. Le vrai, c’est l’objectif ce que j’ai réussi à déterminé par la mesure ou plus généralement par les opérations qu’autorisent les variables ou les entités par moi définies à propos d’un ordre des faits.»
George Didi-Huberman, L’image survivante, Histoire de l’art et temps des fantômes selon Aby Warburg, Editions de Minuit, Collection Paradoxe, Paris, 2002, p. 307 :
Pour Warburg, « l’être de l’image consiste à former dans un style […] un fond d’empreintes originaires. Au niveau temporel, cette opération s’appelle « survivance ». Au niveau plastique, Warburg la nomme souvent « prise de corps ». […] Il apparaît [donc] clairement que selon Warburg, les puissances de l’image (puissances physiques et plastiques) travaillent à même le matériau sédimenté, impur et mouvementé d’une mémoire inconsciente. »
Walter Benjamin, L’œuvre d’art à l’époque de sa reproductibilité technique, 2003, traduit de l’allemand par Maurice de Gandillac en 1959 puis revue par Rainer Rochilt en 2000, Allia, Paris, 2005, pp. 16-17 :
« […] à l’époque de la reproductibilité technique, ce qui dépérit dans l’œuvre d’art, c’est son aura. Ce processus a valeur de symptôme ; sa signification dépasse le domaine de l’art. […] [Ainsi] la technique de reproduction détache l’objet reproduit du domaine de la tradition. […] [Car d’une part] elle substitue à son occurrence unique son existence en série. [Et d’autre part] elle actualise l’objet reproduit.»
Daniel Arasse, On n’y voit rien, Descriptions, Denoël, Paris, 2000, pp. 26-30 :
« La fenêtre […] réunit aux personnages attentifs, au peintre, au tableau, le spectacle qu’ils contemplent ; le miroir, lui, par un mouvement violent, instantané, et de pure surprise, va chercher en avant du tableau ce qui est regardé, mais non visible. […] [Et ainsi], ces trois fonctions “regardantes” se confondent en un point extérieur au tableau : “c’est-à-dire idéal par rapport à ce qui est représenté, mais parfaitement réel puisque c’est à partir de lui que devient possible la représentation. […] cette réalité est projetée à l’intérieur du tableau […] en trois figures qui correspondent aux trois fonctions de ce point idéal et réel : à gauche le peintre, […] à droite le visiteur, […] un centre enfin, le reflet du roi et de la reine.»
Michel Foucault, Les mots et les choses. Une archéologie de sciences humaines, 1966, Paris, Gallimard, 2003, p.11 :
« L’ordre, c’est à la fois ce qui se donne dans les choses comme loi intérieure, le réseau secret selon lequel elles se regardent en quelque sorte les unes les autres et ce qui n’existe qu’à travers la grille d’un regard, d’une attention, d’un langage ; c’est seulement dans les cases blanches de ce quadrillage qu’il se manifeste en profondeur comme déjà là attendant en silence le moment d’être énoncé. »
Réflexions des membres
De la présence aux effets de présence. Écarts et enjeux.
Par Josette Féral
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Ce texte est tiré de la publication suivante :
Pratiques performatives. Body Remix
Josette Féral (dir.)
Presses universitaires de Rennes 2012
En coédition avec les Presses de l’Université du Québec.
Collection : Le Spectaculaire Théâtre
ISBN : 9782753517271
http://pur-editions.fr/detail.php?idOuv=2825
Interférences : Une plateforme pour les nouvelles émergences de la scène actuelle
Par Enrico Pitozzi
Le projet Interférences prévoit l’organisation d’une plateforme qui se compose sur trois niveaux, trois différents plans d’articulation en connexion et en redéfinition constantes entre eux.
D’un point de vue méthodologique, les notions présentées dans la section nœuds sont tirées après avoir analysé un nombre important d’œuvres de la scène actuelle dont l’écho sera présenté dans les sections radiances et archives/tangentes. Chaque section ne doit pas être considérée comme une explication des suivantes, mais comme une forme de laquelle tirer des liens inédits pour composer des résonances. Il s’agit d’explorer les liens et les relations souterraines qui bougent au-dessous de la scène actuelle pour leur donner une forme, une manifestation possible.
On n’explique pas, on trace une sismographie.
Cela signifie que la définition d’une notion théorique ne précède pas l’analyse des œuvres, mais émerge à partir d’une série de considérations interconnectées, élaborées en regardant la scène et en analysant ses pratiques. (lire la suite en introduction)
À noter que les liens vers les œuvres ne sont pas actifs pour le moment.
Chapitres :
Étymologie et traductions du terme « présence »
Par Benjamin Untermann
Présence vient, bien sûr, du latin 'praesentia' (l'infinitif est praesum), qui a deux parties : prae (avant ou devant) et sentia (conjugaison de esse - être). Selon le dictionnaire latin de Charlton T. Lewis et Charles Short, le terme peut avoir plusieurs définitions (dont une version complète est disponible en anglais à l’adresse suivante : www.perseus.tufts.edu/cgi-bin/ptext?doc=Perseus%3Atext%3A1999.04.0059%3Aentry%3D%2338037.
- être avant quelque chose
- régner, commander, diriger, exercer de l'autorité sur quelque chose ou quelqu’un
- être le chef
- protéger
- ce qui est devant quelqu’un, en vue ou à portée de main
- ce qui arrive (devant nous dans le sens temporel); ce qui est dans le présent
- ce qui se passe ou va se passer immédiatement
Pour essayer de découvrir des facettes que nous avons tendance à ignorer, la traduction du terme dans différentes langues est très instructive. Pour faciliter l'écriture de ce courriel, j'ai translitéré les mots pour utiliser l'alphabet latin.
Plusieurs langues européennes utilisent la même racine latine :
- Anglais : presence
- Espagnol : presencia
- Portugais : presença
- Italien : presenza
- Russe : presatsve
D'autres utilisent une traduction allemande comme point de départ :
- Allemand : anwesenheit (an = près / avec wesen = essence / nature; heit = état d'être / condition)
- Néerlandais : aaweaigheid
- Afrikaans : teenwoordigheid
Et d'autres ont leur propre construction :
- Suédois : naervaer (naer = près; vaer = être) - physiquement présent
- Suédois : tilstedevaerelse - mentalement présent
- Turc : bulunmak (bul = trouver; un = indique l'inversion de l'objet et du sujet; mak = indique un nom à l'infinitif) - être dans un lieu
- Turc : varolmak (var = existence; ol = indique inversion de l'objet et du sujet; mak) - exister avec quelqu’un ou quelque chose
- Hongrois : jelenlet
Mais dans les langues asiatiques :
- Urdu (et perse) : kurbat - se sentir près de quelqu’un
- Urdu (et punjabi) : wajoud (-oud = chair) - existence physique de quelqu’un ou quelque chose
- Urdu : maujoud - être présent
- Japonais : Rinjoukan (kan = indique une pensée ou sentiment) - être présent ; immergé (multimédia)
- Japonais : shusseki (seki = chaise) - être à un événement
- Japonais : rairin - présence d'un visiteur
- Coréen (du chinois) : Zone Jae (Zone = exister; Jae = exister) - présence
- Chinois : cun zai [chacune de ces syllabes est représentée par un symbole composé de deux éléments d'origine pictographique]
- Symbole 1 - cun = sauver / exister - 2 éléments: personne & progéniture
- Symbole 2 - zai = être conjugué au présent - 2 éléments: personne & le sol
[Note: En chinois, une connotation de la présence qui vise l'avenir (progéniture) au lieu de viser le passé et le présent ('prae-') comme le latin]