Du scénique au filmique : une analyse de Dogville sous les auspices de la performativité
Renée Bourassa
(i) Les travaux du groupe de recherche ont porté jusqu’ici sur les rapports entre théâtralité et performativité qui nous ont conduits à élaborer un modèle issu du croisement entre la sémiotique peircienne et la théorie des actes de langage. Selon ce modèle, la notion de théâtralité suppose la construction d’un réseau symbolique qui l’attache soit à l’espace culturel des significations collectives ou aux divers modes de construction symbolique alors que la performativité se situerait plutôt du côté des qualités esthétiques premières, non déterminées symboliquement. La performativité telle que nous l’avons définie dans sa relation avec la théâtralité et dans le cadre d’analyses scéniques relève davantage de la qualité expressive qui ouvre une pluralité de significations potentielles et ne se réduit pas à un réseau symbolique spécifique. D’autre part, la performativité esthétique qui s’inspire de la théorie des actes de langage dans la tradition philosophique anglo-saxonne dénoterait tout acte qui génère en soi une réalité esthétique nouvelle en se liant inéluctablement à l’espace mental du spectateur qui s’approprie l’œuvre. Dans un contexte artistique, la performativité serait l’acte qui amorce le processus d’esthétisation; plus précisément, elle agirait en tant qu’embrayeur esthétique.
Document de travail (présentation), Groupe de recherche « Performativité et effets de présence », 2005.